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Photo du rédacteurRachel Hemes

Les signaux d'alarme à ne pas ignorer dans notre relation de couple

Dernière mise à jour : 11 déc. 2023




J’aborde ce thème qui concerne le couple car il me tient très à cœur. D’une part, parce que je suis en couple depuis des années et que j’ai envie de mettre tout ce que je peux en œuvre pour nourrir et chérir cette relation. D’autre part, parce que je me rends compte que ça peut être compliqué et que cette relation est menacée de tous côtés.


Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur ce qui fait échouer un mariage. Je me base pour cela sur les écrits de Gottman*, professeur de psychologie et considéré comme l’expert du couple aux Etats-Unis ainsi que de Sue Johnson*, psychologue et spécialiste dans les questions de couple.


Gottman a découvert dans ses études que :

ce ne sont pas les conflits en tant que tels qui font échouer un mariage, car tous les couples ont des disputes, mais la manière dont les couples se disputent.

Avec lui, nous allons voir les 4 signaux d’alarme à prendre en considération.


1er signal d’alarme : La prévalence des démarrages brutaux

Un démarrage brutal, c’est la manière dont la discussion démarre, avec d’emblée un ton négatif et accusateur. Cela peut être une critique, une moquerie, une raillerie, de l’ironie ou une forme de mépris.


Un démarrage brutal condamne la discussion à un échec, car une discussion se termine bien souvent de la façon dont elle a commencé.


2e signal d’alarme : La présence des 4 fléaux

1) L’accusation

L’accusation est une critique sur la personnalité ou le caractère de l’autre. Elle fait de la surenchère, elle cherche à qui la faute. Le démarrage brutal a souvent la forme d’une accusation. On la reconnaît par exemple avec des mots tels que « toujours », « jamais » : « Pourquoi tu oublies toujours tout ? », « Pourquoi es-tu toujours aussi égoïste ? », « Pourquoi tu ne penses jamais à passer à la déchetterie ? »


Ce sont des attaques sur le mode : « tu m’accuses, je t’accuse ».


Lorsque l’accusation revient constamment, elle prépare l’arrivée du 2e fléau qui est très meurtrier.


2) Le Mépris

Le mépris peut prendre la forme d’ironie, de cynisme envers l’autre : les yeux qui se lèvent au ciel, les ricanements, la moquerie, l’humiliation, les railleries comme dans : « Tu veux faire une liste pour ne pas oublier de passer à la déchetterie, et tu crois que ça va suffire pour toi ? »


Le mépris sous n’importe laquelle de ses formes empoisonne la relation en exprimant du dégoût. Il aggrave le conflit au lieu d’amener à une réconciliation.


Le mépris est alimenté par des pensées négatives ruminées à l’égard du partenaire et qui prend sa source dans des conflits non résolus.


3) L’attitude défensive

Face aux accusations et au mépris, une attitude compréhensible sera celle de se mettre en position de défense. Malheureusement, cette attitude obtient rarement le résultat désiré. Car l’attitude défensive est en réalité un reproche adressé au partenaire. On est en train de lui dire : « Le problème ce n’est pas moi, c’est toi. » Ainsi l’attitude défensive engendre une escalade dans le conflit.


4) La dérobade

A la suite de l’engrenage des 3 fléaux précédents lorsqu’ils se sont répétés régulièrement, et pour éviter le sentiment de noyade, un des deux partenaires va finir par décrocher. On se mure dans le silence, on regarde ailleurs, on se montre impassible.


Plus on se sent submergé par les accusations ou le mépris de son partenaire, plus on surveille les indices qui y mènent et on se désinvestit affectivement de la relation. C’est une manière de se mettre à l’abri qui, malheureusement, renforce la danse.


Au moment où l’un des partenaires avance avec une demande négative telle qu’une accusation ou un reproche, l’autre se met en position de repli et recule. Le premier va alors insister encore plus, et le 2e reculer encore. Et ainsi de suite. C’est un cycle miné qui se reconnaît sous la forme : « Plus je fais ceci, plus tu fais cela, et en réponse plus je fais ceci, etc. »


Une autre possibilité c’est la fuite en avant, le mode repli – repli, où les deux partenaires ont jeté l’éponge et ont décroché. A terme la relation se meurt.


3e signal d’alarme : L’échec des tentatives de rapprochement

Les tentatives de rapprochement ce sont tous les efforts faits par l’un ou l’autre partenaire pour diminuer la tension durant un conflit et se rapprocher : « Attends, il faut que je me calme », « On prend une pause », essayer de faire rire l’autre, ...


Ces tentatives de rapprochement sont utilisées pour freiner l’apparition du sentiment de noyade et pour tenter de rétablir une connexion émotionnelle. Lorsqu’elles sont réussies, elles permettent à un couple de passer au travers d’une dispute sans compromettre leur relation, le couple reste stable et heureux.


Cependant la plupart du temps, lorsque les 4 fléaux sont installés, les tentatives de rapprochement ne sont même pas reconnues et échouent.


4e signal d’alarme : Les pensées négatives envahissent le mariage

Le mariage, la relation est réécrite dans la tête des partenaires. On ne se souvient pas des temps et des souvenirs heureux. Tout est réécrit et interprété sous un jour négatif.


La relation devient à prédominance négative. La suite c’est que comme le mariage devient une torture, les partenaires se détachent de la relation. L’un (ou les deux) se désinvestit affectivement de la relation et s’apprête à consommer la rupture.


Alors que pouvons-nous faire lorsque nous sommes pris dans ces engrenages avant qu'il ne soit trop tard ?


1) Repérer les démarrages brutaux

Lorsque nous repérons un démarrage brutal, nous pouvons prendre conscience de ce que nous sommes en train de vivre et mettre un stop à ces réponses de l’ordre de l’instinct et non de notre intellect. Nous pouvons insérer un temps de pause. S’écarter physiquement. Respirer. Revenir au calme pour permettre à notre cerveau « pensant » d’être à nouveau atteignable, cette zone qui nous permet aussi d’être empathique et créatif. Et recommencer avec douceur depuis le début.


2) Identifier les pas de chacun dans le cycle « accusation – mépris – défense – repli »

Nous pouvons identifier les comportements que nous avons tendance à adopter dans cette danse qui se joue à deux. Dans un premier temps cela sera par après. Pouvoir regarder ce qui s’est passé entre nous et mettre des mots sur la partie que chacun a joué. Pouvoir comprendre comment chaque comportement en déclenche un autre. Réaliser leurs enchaînements sans se juger, juste en observant le cycle qui se met en place. Cette phase est super importante. Nous sommes obligés de mettre de la conscience avant de pouvoir changer quelque chose. Et à force de les avoir identifié après coup, nous deviendrons capables de les repérer sur le moment et de trouver des façons pour nous en sortir.


J’insiste que c’est en premier lieu une responsabilité individuelle : il ne s’agit pas de pointer du doigt notre partenaire et l’accuser sur ce qu’il fait. Il s’agit plutôt d’observer, réaliser les pas que je fais moi dans cette danse. Car j’y participe d’une manière ou d’une autre. Mettre le doigt sur notre part, notre responsabilité, c’est hyper important car bien souvent dans ces situations nous sommes plutôt focalisés sur l’autre et ce qu’il fait ou ce qu’il ne fait pas.


3) Identifier les tentatives de rapprochement

Nous pouvons identifier les tentatives de rapprochement que nous avons émises durant une discussion épineuse ou celles que notre partenaire nous a faites. Comment y avons-nous répondu ? Les tentatives peuvent être très variées et les couples émotionnellement intelligents en développent une large gamme.


4) Partager en couple sur ce sujet et se positionner ensemble face au cycle destructeur

Nous pouvons partager cela en couple, expliquer ces engrenages et les pas de chacun et ceci à un moment calme (donc pas au milieu d’une dispute !). Et pouvoir ensemble, et l’un et l’autre, prendre conscience des dégâts et des conséquences négatives que cela a sur chacun, ainsi que sur la relation. Comprendre que c’est cette danse qui est négative et qui est l’ennemi à combattre. Et non pas le partenaire ! Ce sont ces fléaux qui pourrissent et gangrènent la relation. Ce sont eux l’ennemi qu’il faut repérer le plus rapidement possible et se tenir ensemble pour le garder à distance.


L’ennemi ce n’est pas l’autre. L’ennemi c’est le cycle « accusation – mépris – défense – repli ».

Tout ceci c’est un bon point de départ,

cependant ce qui garantit l’échec ou la réussite des tentatives de rapprochement, c’est l’état de la relation entre les partenaires, la qualité de l’amitié entre les partenaires. Et cela sera le sujet du prochain article.


J’aimerais encore vous dire que si vous vous reconnaissez dans un de ces points ou plusieurs de ces points et que vous ne voyez pas comment vous en sortir : n’attendez pas pour demander de l’aide ! Il existe des professionnels spécialisés pour accompagner les couples et qui peuvent vous aider à cheminer.


A mentionner aussi que ces signaux ne sont pas exhaustifs, et notamment lorsqu'il y a présence de violence psychologique ou physique, lorsque vous vous sentez en danger, ménacé.e (de temps en temps ou régulièrement) dans la relation avec votre partenaire, ce n'est pas normal, et il est temps d'en parler et de chercher de l'aide.


Je suis aussi à votre disposition si vous souhaitez avancer de manière individuelle tout en traitant une partie de ces questions. N’hésitez pas à me contacter pour que nous puissions en discuter.


 

Pour aller plus loin


* Des références de livres :

- Les couples heureux ont leurs secrets, de John M. Gottman et Nan Silver.

- Serre-moi fort !, du Dr Sue Johnson.


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