J’ai eu envie de prendre ce thème de l’affirmation de soi, et surtout de comment la développer, car je vois que c’est un sujet qui revient fréquemment dans mes coachings.
Parfois ce n’est pas la cause première pour laquelle les personnes viennent me voir mais elle se retrouve très souvent en filigrane. C’est aussi un sujet que j’ai travaillé de manière personnelle avant d’être coach.
Pour commencer, nous allons nous pencher un peu sur ce que c’est cette affirmation de soi et ensuite sur ce que nous pouvons faire pour la développer dans nos vies.
Tout d’abord, il me semble que tout être humain a un aspect ou un autre de l’affirmation de soi à travailler. Et je pense aussi que ce n’est pas une destination à laquelle nous arrivons de manière définitive un jour, je le vois comme un idéal vers lequel tendre tout en sachant que la perfection ne sera jamais atteignable.
Alors qu’est-ce que c’est l’affirmation de soi ?
Selon Josiane de Saint Paul, Fondatrice de l’Institut français de la PNL
« S’affirmer, c’est faire valoir ses désirs, ses besoins, ses opinions et ses valeurs et agir en accord avec eux, sans concessions inutiles ni agressivité. »
Pour donner une image, s’affirmer c’est savoir être ni hérisson, ni paillasson.
Alors si on ne s’aplatit pas devant l’autre ou qu’on ne l’attaque pas de nos épines, qu’est-ce qu’on fait ? Hé bien, l’affirmation s’appuie sur trois aspects mis en avant par Marshall Rosenberg dans la Communication NonViolente :
1) L’écoute de soi
2) L’expression de soi
3) L’écoute de l’autre
Ces trois aspects sont liés entre eux et forment comme une danse, on ne peut pas en enlever un…
Nous allons maintenant plonger plus en détail dans chacun de ces aspects et comment nous pouvons concrètement nous y exercer.
L’écoute de soi vient en premier.
En effet comment communiquer si l’on ne sait même pas ce que l'on veut dire.
C’est la première étape, indispensable.
Cette écoute de soi suppose un accueil de soi inconditionnel : on accueille ce qui est là, nos émotions, nos pensées et même nos jugements… tout ceci nous permet de mettre le doigt sur nos besoins.
Nos besoins sont universels, ils sont positifs, immatériels, ils ne dépendent pas d’une personne ou d’une chose. Ils sont communs à tout être humain. Et pour cela ils nous permettent de nous rapprocher, de nous connecter, de nous comprendre les uns les autres.
Nos besoins peuvent être satisfaits et vont alors provoquer des émotions agréables.
Ils peuvent aussi être insatisfaits et dans ce cas vont provoquer en nous des émotions désagréables.
Des exemples de besoin : appartenance, appréciation, bienveillance, clarté, compréhension, contribuer au bien-être d’autrui, contact, croissance, justice, repos, soutien, sécurité affective, etc.
A noter qu'il existe plusieurs listes des besoins et des émotions disponibles en ligne, elles sont une vraie aide à nommer ce qui nous habite.
Ce temps d’écoute et d’accueil de soi, c’est laisser émerger nos émotions, nos pensées pour aller découvrir nos besoins.
Car souvent ce n’est pas ce qui nous apparaît en premier, on ne sait pas, on est comme déconnectée de cette partie de nous.
Concrètement, ça va ressembler à prendre le temps de s’arrêter, de respirer calmement, voire de fermer les yeux pour nous aider à ralentir. Et se demander : comment je me sens? Quelles sont mes émotions ? Puis : de quoi j’ai besoin ?
Si notre besoin est rattaché à une personne en particulier, on peut se demander : et si cette personne faisait ceci, qu’est-ce que ça me permettrait de vivre ? Jusqu’à ce qu’on arrive à un, ou des besoins qui soient immatériels.
Souvent, en arrivant à cet endroit-là on va ressentir un premier soulagement. Le fait d’avoir mis le doigt sur nos besoins, de les reconnaître "Oui j’ai besoin de ça." ça fait du bien.
L’étape suivante va être : quelle demande est-ce que je peux m’adresser à moi-même ou à quelqu'un d’autre pour remplir ce besoin ?
Une demande est justement une demande, ce n’est pas un ordre ! Je suis – et l’autre est aussi – libre d’y accéder ou de la refuser. Elle est aussi formulée de manière positive (je dis ce que je veux, pas ce que je ne veux pas), comprendre une action concrète, faisable et précise.
Une fois que vous êtes au clair sur ce que vous vivez, que vous vous êtes offert de l’empathie, et que vous avez clarifié ce que vous pourriez demander à autrui, on va passer au 2e aspect de l’affirmation de soi : l’expression.
En reprenant les principes de la Communication NonViolente l’expression va reprendre les éléments que vous avez mis à jour dans l’écoute de vous-même.
C’est-à-dire que vous allez communiquer en priorité vos besoins et votre demande. Les émotions peuvent aussi être mentionnées, mais ceci va dépendre du lieu dans lequel vous le faites. Dans certaines relations de travail notamment ça peut être délicat. Dans ce cas c'est possible de ne pas les mentionner ou alors de soigner la manière dont on les formule, à vous de voir selon à qui vous vous adressez.
Un bémol important sera de clarifier pour vous-même quel est votre intention en venant demander ça à cette personne.
Car même si l'intention n'est pas verbalisée, elle va être ressentie par l’autre personne. Si vous venez dans le but de servir la relation, de l’approfondir, de nourrir la connexion avec cette personne, ça ne va pas être la même chose que si vous souhaitez vous battre, lui faire entendre raison ou lui dire vos quatre vérités…
La formulation béquille pour nous exprimer va être la suivante : OSBD
Observation
Sentiment
Besoin
Demande
Quand je vois, j’entends (mes observations neutres) … je me sens (mes émotions)… car j’ai besoin de (mes besoins), serais-tu d’accord pour (ma demande claire et précise) ?
Ça paraît très mécanique ainsi et pas très naturel. C’est à prendre comme une aide à apprendre une autre manière de communiquer et bien sûr que nous pouvons ensuite l’adapter, la fluidifier et varier les verbes…
Attention à bien formuler une demande ! Dans mon apprentissage ça m’est arrivé de ne pas le faire… et ça met l’autre dans une position très inconfortable : face à nos émotions et notre besoin et sans savoir quoi faire exactement… L’autre ne peut pas deviner et c’est à moi d’être claire.
La demande c'est aussi demander à l'autre "Qu'est-ce que ça te fait d'entendre ce que je viens de te dire ?" ou "Qu'est-ce que tu penses de ce que je viens de te dire ?", "Qu'as-tu retenu de ce que je viens de te partager ?" avec ce type de demandes on va surtout chercher à nourrir la connexion et la qualité de la relation.
Cette formulation OSBD n’est pas une formule magique et ne garantit en rien le résultat ni que l’autre va faire ce qu’on veut qu’il fasse !
Rappelez-vous : quelle est votre intention pour cette relation et pour entrer en communication avec cette personne ?
Pour vous entraîner, vous pouvez noter sur une feuille OSBD, puis en prenant une situation où vous aimeriez pouvoir vous exprimer à quelqu’un, écrire vos observations… puis vos émotions (à l’instant)… vos besoins… puis votre demande.
Vous pouvez déjà observer comment vous vous sentez une fois que vous avez fait l’exercice. Vous pouvez ensuite vous entraîner à le dire par oral.
Si on a envie de s’affirmer, ce n’est pas détriment d’autrui. Ça veut dire qu’en face on accepte et on accueille aussi la réalité de l’autre, son droit à dire oui tout comme à dire non pleinement.
Et ça me mène au 3e aspect de l’affirmation de soi, la capacité à écouter l’autre, à accueillir son observation, ses sentiments, ses besoins… voire sa demande.
Quand je m’adresse à autrui, j’ai envie d’avoir un retour, je ne suis pas face à un mur ou à un écho sans fin de ma propre voix… Je suis face à un autre être humain qui a lui aussi ses émotions et ses besoins, qui peuvent être en adéquation ou en décalage avec les miens, et c’est ok !
Ici c’est la capacité de l’empathie, de la bienveillance envers l’autre et de ce qu’il a à me dire de son vécu à lui, du monde qu’il voit par ses yeux que nous allons entraîner.
L’affirmation cherche à s’exprimer et à écouter autrui, dans le but de construire ensemble, non pas d’écraser, de dominer ou de manipuler.
L’autre n’est pas plus important que moi, je ne suis pas plus important que l’autre, nous avons chacun de l’importance. Nos besoins ont chacun de l’importance. Et on peut chercher ensemble une manière pour remplir mes besoins et ses besoins.
Pour développer notre capacité d’écoute, il y a bien des moments où l’on peut s’entraîner !
Par exemple lors du prochain repas que vous allez passer avec d’autres personnes, que ça soit vos proches, un collègue, une amie… décidez intentionnellement d'écouter, d’écouter vraiment. De chercher les émotions et surtout les besoins de la personne qui parle.
Vous pouvez alors les formuler sous forme de question - car c’est une hypothèse - et l’autre peut ensuite la confirmer ou la corriger si nécessaire. Observez la qualité de la relation sur le moment, la profondeur que peut prendre l’échange quand vous vous intéressez à cette partie-là de l’histoire et du vécu de la personne en face de vous.
N’ayez crainte d’être maladroit.e ou de dire « faux » parce que là aussi votre interlocuteur sentira votre intention, si celle-ci est celle de le rejoindre, de le comprendre, il va le sentir même si les mots sont maladroits, même si le besoin formulé est « à côté ».
En réalité, le simple fait de proposer un besoin permet déjà à la personne d’aller se connecter chez elle à ce niveau-là de son vécu… C'est un cadeau énorme que de permettre à l’autre de vivre ça.
Alors bon entraînement de votre capacité d'écoute de vous-même, de l'autre et de votre expression de soi !
J’aurai plaisir de lire vos retours, si vous le souhaitez, par des commentaires ou en me contactant et je vous retrouve tout bientôt pour un prochain post.
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