Aujourd'hui nous allons parler du cercle vicieux de l’envie
qui nous pousse à toujours plus nous comparer, nous faisant vivre des émotions désagréables et abîmant notre estime de soi, et de quatre pistes pour nous en libérer.
Dans cet article je parle de l’envie au sens de convoitise, de jalousie, que l’on peut ressentir à la vue du bonheur ou des avantages de quelqu’un.
Cette envie survient car nous nous livrons à des comparaisons avec les autres.
En effet, nous vivons en société et nous avons donc tous ce réflexe de nous comparer les uns aux autres. C’est humain et en premier lieu c’est souvent inconscient. De plus nous en tirons un bénéfice lorsque la comparaison nous est favorable car elle va alors nous rassurer.
On peut se rappeler comment on comparait nos notes à l’école avec nos camarades de classe. Comme on pouvait se sentir rassuré d’avoir fait mieux que Untel en dictée qui était quand même le meilleur de la classe en français. Le pendant négatif c’est lorsque la comparaison nous est défavorable : quand on a fait moins bien que Unetelle qui normalement faisait toujours une pêche en dictée…
Il semble que lorsque nous nous sentons insatisfaits,
ou que notre estime est un peu fragile, nous allons nous livrer très fréquemment à des comparaisons sociales. Et alors Christophe André *, psychiatre, nous apprend que :
plus l’on va se comparer aux autres, plus nous aurons tendance à vivre des émotions désagréables.
Des émotions désagréables comme les regrets, la culpabilité, l’envie, la jalousie ou l’insatisfaction.
L’envie, c’est cette émotion désagréable que nous pouvons ressentir lorsque nous voyons quelqu’un posséder quelque chose que nous n’avons pas et que nous souhaiterions bien avoir. Ce que nous envions cela peut être : la reconnaissance, le bonheur, le succès professionnel, l’aisance matérielle, les relations épanouies…
Nous aurons plutôt tendance à nous sentir envieux de personnes plus ou moins proches et surtout avec qui nous pouvons nous comparer socialement. Il est rare que l’envie nous prenne en comparaison de quelqu’un de très éloigné de nous socialement parlant, comme un milliardaire par exemple. Par contre les milliardaires entre eux peuvent être envahis par l’envie face à celui qui a un plus gros bateau, une plus belle maison, une plus grande audience…
Christophe André, psychiatre, distingue l’envie de la jalousie.
La jalousie est plutôt relative à la crainte de perdre quelque chose que nous avons déjà. On peut être jaloux de notre conjoint où nous surveillerons ses faits et gestes dans la crainte qu’il voie quelqu’un d’autre. Ou jaloux d’une amie qui se traduira sous forme d’un lien d’amitié quasi exclusif. Les deux émotions peuvent évidemment être ressenties en même temps.
L’envie apparaît donc lorsque nous n’avons pas quelque chose que nous souhaitons et que nous nous sentons impuissants à pouvoir l’obtenir. Si nous ne vivions pas cette impuissance, cela nous stimulerait simplement à aller de l’avant.
L’envie est un cercle vicieux générant toujours plus de comparaisons sociales, ce que l’on sait toxique.
Elle induit un sentiment de ratage personnel : « J’aimerais ça mais je ne suis pas capable de l’obtenir. » Elle finit par aboutir à une vision maladive des avantages des autres très destructrice pour l’estime de soi.
Alors que peut-on faire pour s'en libérer ?
Nous allons explorer 4 pistes aujourd’hui pour cela :
1) Renoncer aux compétitions inappropriées
Nous pouvons nous trouver dans un milieu social ou professionnel très compétitif. Certaines compétitions peuvent être stimulantes pour persévérer et progresser. Et d’autres peuvent se révéler malsaines pour nous provoquant l’envie. Essayons d’identifier ces compétitions dans lesquelles nous jouons consciemment ou malgré nous. Et renonçons aux compétitions dont nous n’avons pas besoin ou que l’on n’a pas choisies.
Cela me fait penser à la comparaison et compétition des jardins entre voisins. Un voisin installe des petits nains de jardin tout mignons et quelques temps plus tard comme par hasard le voisin d’à côté en a également, mais en plus grand nombre ou mieux ouvragés ;)
Ou alors à la comparaison et compétition sociale qui peuvent se jouer avec les images sur Instagram, Facebook ou autres réseaux sociaux. Voir le bonheur, le succès ou les trucs super cool que les autres vivent ou font, présentés sous un jour parfait (bien sûr) peut nous faire croire qu’ils vivent ça tout le temps et nous donner une fausse image de ce qu’est le bonheur, la vraie vie.
Cela me fait penser aussi aux diktats de l’apparence et des marques. Est-ce que vraiment je souhaite continuer cette compétition sociale ? Et si vous êtes parents comme moi : qu’est-ce que je souhaite transmettre à mes enfants à ce propos ?
Renonçons aux compétitions sociales inappropriées, cela nous libérera de la pression et de l’envie. Pour ce qui concerne les réseaux sociaux, dont nous savons qu’y passer trop de temps augmente les comparaisons et l’insatisfaction, nous pouvons par exemple décider de n’y passer qu’un temps délimité à l’avance par jour. C’est personnellement ce que j’ai fait avec Instagram. On peut aussi décider de rendre leur accès plus difficile. C’est ce que j’ai fait avec Facebook en retirant l’application de mon téléphone. Je ne peux m’y rendre que via mon ordinateur et j’y passe du coup naturellement moins de temps.
Apprenons à porter un regard critique sur les compétitions auxquelles nous participons consciemment ou malgré nous, et renonçons à celles qui sont malsaines pour nous.
2) Utiliser les comparaisons pour progresser
Nous apprenons beaucoup par l’apprentissage social, c’est-à-dire en observant les autres. Nous en apprenons le meilleur et le moins bon également. Les modèles, ceux que nous aimerions être comme, et les anti-modèles, ceux que nous n’aimerions pas être comme, nous ont façonné et nous façonnent encore consciemment ou inconsciemment.
Nous nous sommes construits largement par l’imitation dans notre enfance et cela continue à l’âge adulte. Pour cette raison, choisissons consciemment les personnes que nous admirons et dont nous souhaitons nous inspirer. Profitons aussi d’observer et d’apprendre des exemples et contre-exemples que nous donne chaque journée.
Nos comparaisons au lieu d’être évaluatives « elle a plus ou moins que moi » peuvent devenir des observations et des sources d’apprentissages.
Qui est-ce que j’admire ?
Et qu’est-ce qui m’inspire chez cette personne ?
A qui ne voudrais-je pas du tout ressembler et pourquoi ? Comme c’est une réponse en creux, cela veut dire que cela montre ce que nous ne voulons surtout pas, nous pouvons ensuite nous demander pour découvrir le plein : quel est le contraire de cela ? La réponse nous dira ce que nous aimerions reproduire. Par exemple, si je ne veux pas du tout ressembler à cette personne qui raconte des mensonges et des bobards pour se faire bien voir, cela signifie en plein que ce que j’aimerais reproduire c’est de dire la vérité et d’être authentique.
Utilisons nos comparaisons en observations et en sources d’apprentissages.
3) Développer la capacité à se comparer à soi-même
Au lieu de se comparer aux autres avec les désagréments que nous venons de voir, nous pouvons apprendre à nous comparer avec nous-même. Cela veut dire voir notre évolution, nos progrès par rapport à qui nous étions ou ce que nous faisions quelques mois ou années auparavant. Ou nous comparer nous-même dans nos bons et nos mauvais jours.
Cela a l’avantage certain de rester dans notre sphère d’influence directe puisqu’il s’agit de nous uniquement. C’est aussi très encourageant ou très révélateur lorsque nous prenons le temps de nous retourner sur le chemin parcouru et de constater ce qu’il s’est passé.
C’est quelque chose que j’encourage chez nos enfants. Au lieu de comparer leurs notes avec les autres, ou leurs résultats sportifs avec les autres, je les encourage à regarder avec leurs propres résultats précédents. Et à les mettre en lien avec les efforts et les stratégies qu’ils ont mis en place pour y parvenir ou qui ont mené à ce résultat.
Comme le dit le personnage de mentor Jilano à son apprentie dans un roman de Pierre Bottero : « Il y a une différence énorme entre celui qui cherche à se dépasser et celui qui veut être le meilleur. Le premier travaille sur lui, le second par rapport aux autres. »
En cherchant à nous dépasser nous-même, à travailler sur nous, nous évitons le piège de la comparaison et de l’envie vis-à-vis des autres.
4) Transformer l’envie en stimulation à agir
Pour cela, nous pouvons mener l’enquête à l’intérieur de nous-même en nous demandant ce qui nous fait envie, vraiment, tout au fond.
Et quand on envie quelque chose, parfois ce n’est pas la chose en elle-même qui est importante mais comment nous pensons qu’elle nous fera sentir et ce qu’elle nous permettra de vivre.
On peut se demander : Si j’avais… ce nouveau téléphone, cette promotion, ces superbes vacances sur une île lointaine paradisiaque :
Comment est-ce que je me sentirais ?
Et qu’est-ce que ça me permettrait de vivre ?
« Comment je me sentirais » pointera vers des émotions agréables, par exemple : se sentir enthousiaste, stimulée, joyeuse ou décontractée et « ce que ça me permettrait de vivre » indiquera des besoins, par exemple : besoin de nouveauté, d’accomplissement ou de repos. Besoins qui en ce moment nous manquent et qui sont importants pour nous. A la différence des envies, les besoins sont universels et abstraits c'est-à-dire n’impliquant aucune personne ou contexte.
Une fois que nous avons découvert les besoins qui se cachaient sous notre envie, nous pouvons nous rappeler qu'il existe plusieurs manières possibles de les remplir.
Pour remplir mon besoin de repos, ces vacances sur une île lointaine paradisiaque serait bien sûr un moyen, tout comme le fait de m’octroyer une sieste aujourd’hui, ou de me réserver du temps calme le week-end prochain au lieu d’enchaîner les activités.
Alors comment m’y prendre pour pouvoir vivre - ressentir cela dans ma vie ?
Transformons notre envie en une stimulation à agir. Même s’il ne s’agit que d’un petit pas. Après tout dans le mot « envie » il y a celui d’être « en – vie ». Soyons en vie, mettons-nous en action, transformons l’envie en une motivation à avancer.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout
et un MERCI tout particulier à celles et ceux qui partagent ces contenus à leur entourage et / ou qui prennent le temps de me donner des retours suite à vos lectures, c’est hyper précieux pour moi et très encourageant : merci tout plein !! N’hésitez pas vous aussi à partager ce contenu à vos contacts ou à m'écrire, je suis disponible par ici.
*Pour aller plus loin
- Imparfaits, libres et heureux, de Christophe André.
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