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Photo du rédacteurRachel Hemes

Perfectionnisme vs. Optimalisme #2 : Accepter les émotions douloureuses

Dernière mise à jour : 11 déc. 2023




Je vous propose une série de trois articles pour sortir de la posture du perfectionnisme qui a bien des conséquences désastreuses.


Si on imagine une ligne dans notre tête, à un bout il y aurait le perfectionnisme et à l’autre bout il y aurait « l’optimalisme ».

C’est ainsi que le nomme Tal Ben-Shahar*, enseignant et écrivain américano-israélien spécialisé dans le domaine de la psychologie positive. Et entre ces deux pôles opposés : perfectionnisme – optimalisme ; se trouve tout un continuum sur lequel nous nous situons tous.


Plus nous sommes proches du pôle « perfectionnisme », plus on manifeste de traits caractéristiques à cette posture, plus on risque de présenter toute une gamme de troubles et de difficultés associés au perfectionnisme dont :

  • une image de soi dégradée avec une estime de soi fragile

  • une tendance à la procrastination

  • une anxiété excessive

  • des problèmes relationnels

  • et un manque de satisfaction et de bonheur.

Dans cet article nous nous penchons sur le deuxième aspect délétère du perfectionnisme : le refus des émotions douloureuses et que pour tendre vers l’optimalisme nous avons à les accepter.


Le perfectionnisme c’est cette posture où on part du principe qu’être heureux c’est l’être tout le temps

et que c’est ressentir sans arrêt des émotions positives. S’il arrive que l’on éprouve des émotions dites négatives ou désagréables, et bien cela veut dire qu’on n’est pas heureux pour de vrai.


Pour le perfectionniste, ne pas être heureux tout le temps, c’est comme un échec affectif. Et dans l'article précédent nous avons vu que le perfectionniste refuse les échecs. Par conséquent, il va refouler les émotions douloureuses qui ne correspondent pas à son idéal.


À l’opposé, l’optimaliste sait que la vie est composée d’une large gamme d’émotions.

Il voit la vie comme changeante et comme une succession de hauts et de bas, il sait que l’échec fait partie intégrante de la vie - on l’a vu aussi de l'article précédent - et que les émotions pénibles, tout comme agréables, en font partie aussi. L’optimaliste est donc plus susceptible de ressentir et d’exprimer réellement ses émotions.


Évidemment, il y a une différence entre ressentir nos émotions et ce que nous en faisons, c’est-à-dire comment nous agissons ensuite. Comme le disent Faber & Mazlish dans leurs livres d’éducation positive à destination des enfants et qui est tout aussi valide pour les adultes : « Tous les sentiments peuvent être acceptés. Certaines actions doivent être limitées. » Ainsi nous autoriser à ressentir nos émotions ne signifie pas que nous allons agir n’importe comment ensuite.

Si cela peut parfois être nécessaire de masquer certaines de nos réactions émotionnelles en public, ce n’est pas le cas une fois que nous sommes seuls. Et pourtant certains d’entre nous ont tellement pris l’habitude de refouler leurs émotions qu’ils ne s’y autorisent pas non plus lors qu’ils se retrouvent seuls.


Des psychologues tels que Carl Rogers et Nathaniel Branden ont mis en évidence le coût de ce refoulement émotionnel et ses conséquences sur notre bien-être psychologique, qui aggrave en réalité le trouble ou les symptômes.


Ainsi lorsque le perfectionniste refuse de ressentir et d’exprimer ses émotions désagréables, il ne fait que les amplifier.

C’est un cercle infernal qui n’aide en rien.


Et comme nous le dit Tal Ben-Shahar :

« En ne s’avouant pas ce qu’on pense, ce qu’on ressent, on pollue son environnement. (…) Chaque fois que nous refoulons les émotions pénibles, nous en payons le prix, et notre entourage aussi. »

Chaque émotion refoulée au fil de notre journée est comme un timbre que nous nous collons et que nous stockons : nous pouvons finir avec une belle collection de timbres ! Puis nous rentrons à la maison et chargé de notre collection de timbres, nous explosons sur nos enfants parce qu’ils n’ont – à nouveau – pas rangés leurs chaussures correctement dans l’entrée.


Ce n’est pas en combattant l’émotion, en refusant de la ressentir, en la stockant, que nous lui permettrons de s’en aller. Mais c’est en s’autorisant à la vivre qu’elle va progressivement diminuer en intensité et finir par disparaître. Dans certaines situations cela peut être assez rapide, et dans d’autres cela pourra prendre beaucoup de temps comme le deuil d’un être cher.


Cette acceptation de toutes nos émotions, ce n’est pas de la résignation.

Comme l’explique le psychologue Nathaniel Branden, les accepter ce n’est pas leur donner le dernier mot. Les émotions ont quelque chose à nous dire, que nous pouvons écouter, mais ensuite ce n’est pas elles qui ont le devant de la scène.


L’acceptation c’est plutôt observer les lois et mécanismes de notre fonctionnement humain pour pouvoir en faire un usage approprié.


Que cela nous plaise ou non, les émotions désagréables font partie de la vie.

Accepter ce n’est pas « ressasser ».

Accepter signifie cohabiter avec dans la paix, tandis que ressasser c’est y penser de manière obsessionnelle.


Accepter ne veut pas dire non plus que nous en sommes satisfaits,

mais simplement qu’on se donne la permission de ressentir ce que nous ressentons. Et comme déjà dit, cela ne veut pas dire que nous acceptons tous les comportements qui peuvent en découler.


En acceptant toute la gamme de nos émotions

et en particulier celles qui sont douloureuses, nous laissons plus de place pour ressentir celles qui sont agréables. Car en bloquant les unes, on limite les autres. Il s’agit alors de se donner la permission de ressentir et d’exprimer tout l’éventail des émotions humaines.


Et c’est en acceptant toutes nos émotions que nous nous rendons capables d’agir ensuite au mieux,

plutôt que d’être agi par nos émotions. Ce n’est pas toujours possible de ressentir les émotions que nous aimerions ressentir dans l’idéal, mais nous pouvons choisir d’agir en ligne avec cet idéal.


Comme le dit Stephen Covey, auteur et conférencier, entre le stimulus et la réponse, nous avons le choix. Ainsi, entre notre émotion et notre action, nous avons le choix. Je peux avoir peur et choisir d’agir courageusement, être déçu et agir avec bienveillance et fair-play, me sentir vulnérable et oser m’exprimer, me sentir frustré et choisir de bien vivre le moment.


Et la meilleure façon de nous permettre ce choix éclairé, c’est d’accepter de ressentir l’émotion que nous ressentons.


En conclusion,

on a vu que le perfectionniste s’attend à ce qu’être heureux soit une succession d’émotions agréables et refuse toutes émotions douloureuses. En ce faisant il amplifie les émotions qu’il refoule et en subit les conséquences négatives dans sa vie et dans son entourage.


L’optimaliste quant à lui accepte que la vie comporte des hauts et des bas, accepte la large gamme des émotions. Il se donne la permission de toutes les ressentir, les laissent le traverser, s’écouler et s’exprimer de manière acceptable. Il sait ensuite poser des actions choisies et réfléchies.


Pour passer à l’action, nous pouvons commencer par nous autoriser à ressentir.

C’est ok d’être triste, de ne pas avoir le moral, d’avoir peur, de se sentir seul ou angoissé. On peut se dire à soi-même : J’accepte de ressentir ce que je ressens. Et simplement accueillir, rester là avec l’émotion qui nous habite en ce moment.


Ensuite, trouvons comment laisser s’écouler nos émotions

sans leur mettre un barrage, et sans non plus les laisser sortir comme un tsunami, mais en les laissant s’écouler comme dans un tuyau pour leur permettre de nous traverser, et ainsi nous permettre aussi de les traverser.


Par exemple : on peut se confier à un ami de vive voix ou par un audio, écrire ce qui nous inquiète et nous préoccupe dans notre journal, rejoindre un groupe de soutien avec des gens qui vivent les mêmes défis que nous, pour les croyants : prier et confier à Dieu nos états d’âme, nous autoriser à pleurer que ce soit seul ou en présence de quelqu’un qui nous aime.


Puis, faisons un choix :

suivre notre première réaction impulsive ou poser une action réfléchie qui la dépasse.


A bientôt pour poursuivre notre sortie du perfectionnisme vers l'optimalisme !


 

Pour aller plus loin


* La référence du livre :

- L'apprentissage de l'imperfection, Ne plus avoir peur d'être soi, de Tal Ben-Shahar.


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