Je vous propose une série de trois articles pour sortir de la posture du perfectionnisme qui a bien des conséquences désastreuses.
Si on imagine une ligne dans notre tête, à un bout il y aurait le perfectionnisme et à l’autre bout il y aurait « l’optimalisme ».
C’est ainsi que le nomme Tal Ben-Shahar*, enseignant et écrivain américano-israélien spécialisé dans le domaine de la psychologie positive. Et entre ces deux pôles opposés : perfectionnisme – optimalisme ; se trouve tout un continuum sur lequel nous nous situons tous.
Plus nous sommes proches du pôle « perfectionnisme », plus on manifeste de traits caractéristiques à cette posture et avec une intensité forte, plus on risque de présenter toute une gamme de troubles et de difficultés associés au perfectionnisme dont :
une image de soi dégradée avec une estime de soi fragile
une tendance à la procrastination
une anxiété excessive
des problèmes relationnels
et un manque de satisfaction et de bonheur.
Dans cet article, nous nous penchons sur le premier aspect délétère du perfectionnisme : le refus de l’échec et que pour tendre vers l’optimalisme nous avons à l’accepter.
Le perfectionnisme est cette posture
dans laquelle la peur de l’échec est paralysante et handicapante. Comme on a peur de rater, on n’essaie même pas. Soit je suis sûre de réussir, et je le fais, soit je suis dans le doute, et je n’essaie même pas. C’est une attitude handicapante car on devient incapable de prendre des risques et d’apprendre.
On y retrouve la mentalité du « tout ou rien » sans nuance possible entre les deux. Soit j’atteins ce que je vise, soit je n’y arrive pas alors j’abandonne et je renonce.
Dans le perfectionnisme, on refuse l’échec. Si je me fixe un objectif, je vise le zéro échec. Je dois parvenir à mon but de la manière la plus droite et rapide possible.
Le focus est mis sur la destination, sur l’objectif final à atteindre et la satisfaction est sans cesse différée pour n’être vécue qu’une fois arrivés. En d’autres termes, le bonheur est toujours pour plus tard, ce n’est jamais assez, c’est le : « Je ne serai heureuse que lorsque je serai en couple, lorsque j’aurai un enfant, lorsque j’aurai mon diplôme, ma promotion… ».
Le perfectionniste a peur de la critique. Évidemment, personne ne l’aime forcément, par contre chez le perfectionniste elle déclenche un comportement défensif, car la critique est prise comme une attaque à sa valeur personnelle. On va donc d’office la rejeter et s’en défendre.
La tendance est à voir ce qui ne va pas, ce qui manque, ce qui ne fonctionne pas, bref tous les défauts qui sont encore là. Et en cherchant les défauts, vous le savez comme moi, hé bien on les trouve !
Le rapport à soi est dur, jugeant et implacable.
Il en ressort une rigidité mentale et une attitude statique.
À l’autre bout du spectrum, du côté de l’optimalisme,
le rapport à l’échec est tout autre.
Pour l’optimaliste, l’échec fait partie de la vie et du processus, il l’accepte et lorsqu’il arrive – ce qui finit toujours par arriver – il le digère et en tire des enseignements.
Puis il réessaie une fois encore. En d’autres termes on peut dire qu’il rebondit. Et au final il a beaucoup plus de chances de parvenir à atteindre ce qu’il vise simplement par le fait qu’il essaie de manière plus assidue et renouvelée.
Cela me fait penser aussi au mécanisme du pardon. On ne reste pas bloqué sur une offense subie, ou sur une faute commise, on accorde ou on demande pardon. Et on essaie à nouveau, pas de la même façon bien sûr, mais on donne ou on se donne une chance supplémentaire.
Dans l’optimalisme le focus est tout à la fois sur le parcours et sur la destination. La destination car cela donne la direction vers laquelle se diriger, le parcours car c’est un pas après l’autre que l’on peut vivre et ressentir de la satisfaction. Le bonheur se vit dans l’instant, dans le parcours, et n’est pas différé ni dépendant du résultat.
L’optimaliste sait qu’entre le « tout et le rien » il y a plein de nuances et d’options possibles. Ce n’est pas qu’il est aveugle à son échec ou à sa réussite, mais il sait mettre des nuances et voir la complexité de la situation.
Il a tendance à être ouvert aux suggestions, aux remarques, même s’il peut les trouver lui aussi désagréables. Mais il va évaluer la validité des critiques reçues et considérer le feedback comme une source d’information précieuse.
L’optimaliste a tendance à rechercher les bénéfices éventuels dans ce qu’il vit ou ce qui lui arrive.
Le rapport à soi est teinté d’indulgence, on est capable de se pardonner et de s’accepter dans ses imperfections.
Il en ressort une souplesse mentale, une capacité à s’adapter, à montrer une attitude dynamique face à ce qui se présente et une flexibilité à accepter plusieurs itinéraires possibles.
Pour rejoindre le pôle « optimalisme »,
ce qui est l’œuvre de toute une vie nous avertit Tal Ben-Shahar ;) voici quatre idées de mise en action :
1) Les domaines où j'agis de manière « perfectionniste »
Mettre de la conscience sur les domaines où :
j’ai peur de l’échec
j’envisage le parcours comme une ligne droite
je me concentre uniquement sur l’objectif
j’agis en mode « tout ou rien »
je développe une attitude défensive face aux remarques
je cherche les défauts
j’ai un rapport à moi-même dur
je présente une rigidité mentale.
Cela me fait penser à mon attitude avec les jeux de société lorsque j’étais enfant. Je me rappelle ne jouer qu'aux jeux auxquels je savais que j’allais gagner. Et les autres, je n’y jouais pas car je savais que j’allais perdre. Résultat : je n’ai jamais appris à jouer aux échecs par exemple. Mon père et mon frère étaient très bons à ce jeu-là et comme j’étais "sûre" de perdre, je n’ai même pas pris la peine d’apprendre à y jouer. Aujourd’hui mes enfants me battent à coup sûr à ce jeu aussi. Et je n’ai toujours pas appris… Peut-être un prochain défi pour moi ;)
Et vous, quel est le vôtre ?
2) Les domaines où j’agis de manière « optimaliste »
Mettre de la conscience sur les domaines où :
j’accepte les échecs et en tire des apprentissages
je vois le parcours comme une spirale biscornue et accidentée
je me concentre autant sur le parcours que sur la destination
je développe une approche complexe et nuancée
je suis ouverte aux opinions extérieures
je recherche les bénéfices
j’ai un rapport à moi-même indulgent
je présente une attitude adaptable.
Cela me fait penser à mes débuts en danse contemporaine il y a 6 ans. Je me suis retrouvée débutante au milieu de participantes expérimentées. Au début, je disais à mon mari que j’allais prendre ma « leçon d’humilité » en m’y rendant, consciente de ce que je ne savais pas et de ce que je n’arrivais pas encore. J’ai continué, acceptant les échecs, c’est-à-dire toutes les fois où je n’arrivais pas, en considérant que c'était normal et que cela faisait partie du processus, trouvant des bénéfices à m’habituer de voir mon reflet dans les miroirs, à abandonner mon petit hamster mental pendant un temps pour me concentrer simplement sur des mouvements, à trouver du plaisir une leçon après l’autre.
Et vous, dans quelle situation avez-vous déjà adopté cette attitude « optimaliste » ?
3) Faire cette chose que nous avons toujours voulu faire
Comme Tal Ben-Shahar nous le suggère, réfléchissons à quelque chose que cela fait longtemps que nous aimerions faire mais que nous n’avons encore jamais fait par peur d’échouer : un cours, une activité, jouer d’un instrument, un sport, le livre que nous rêvons d’écrire… et faisons-la !
Et en la faisant, gardons à l’esprit l’attitude « optimaliste » même s’il s’agit de faire semblant au début.
Rappelons-nous qu'un énorme saut est paralysant et fait peur, tandis qu’un petit pas est à notre portée. Ce petit pas nous demande de sortir de notre zone de confort mais sans nous faire aller dans une zone de panique ;) Alors, quel serait un premier pas dans la direction de cette chose que vous aimeriez faire ?
4) Tenir un journal de nos échecs
C'est une autre suggestion de Tal Ben-Shahar, où il s’agit d’écrire une tentative que nous avons faite et qui s’est soldée par un échec. Nous pouvons décrire ce qu’il s’est passé et quelles ont été nos réactions, les pensées qui nous sont passées par l’esprit, l’effet que cela nous a fait sur le moment ?
Puis, alors que nous rédigeons ça maintenant : est-ce que notre perspective s’est modifiée ? Est-ce que nous voyons d’autres effets potentiellement bénéfiques de cet échec lui donnant après coup de la valeur ?
A bientôt pour poursuivre notre sortie du perfectionnisme vers l'optimalisme !
Pour aller plus loin
* La référence du livre :
- L'apprentissage de l'imperfection, Ne plus avoir peur d'être soi, de Tal Ben-Shahar.
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