Ces derniers temps, j’ai été frappée autant dans mes relations privées que professionnelles, de découvrir combien les émotions avaient encore mauvaise presse. Combien on souhaitait les faire disparaître. Combien on n’en avait honte. Alors ça m’a donné envie de parler de nos émotions, pour donner un éclairage quant à leur utilité et comment mieux les vivre dans notre quotidien.
Pour commencer, l’étymologie du mot « émotion » veut dire : un mouvement vers l’extérieur.
Une émotion c’est donc tout d’abord une information interne transmise par notre corps. Elle est brève et peut varier en intensité. Elle est une réponse à l’environnement et à l’évaluation que nous faisons de celui-ci.
Sa première composante est physique,
ce sont les sensations dans notre corps. Si je me retrouve face à un serpent sur le sentier, comme cela m’est arrivé l’autre jour, mon cœur commence à battre plus vite, mes jambes se préparent à déguerpir, je vais même émettre un cri de surprise.
Sa deuxième composante est mentale,
c’est l’évaluation par notre pensée. Je peux alors mettre un mot sur mes ressentis, je comprends que j’ai peur. A ce moment-là, si je n’ai pas déjà déguerpi, je vais évaluer la menace que pose le serpent et décider de mon action. Dans mon histoire, le serpent ne bougeait pas, il était relativement petit. Je l’ai simplement contourné et j’ai continué ma ballade tout de même à l’affût et la main sur le cœur ;)
Malheureusement, on peut penser que les émotions sont une nuisance
dont il s’agit de se débarrasser le plus vite possible. Ou qu’elles sont une faiblesse qu’il ne faut surtout pas montrer, qui est au mieux embarrassante et encombrante.
On peut penser que les émotions sont les ennemies de la raison. Que la pensée rationnelle est supérieure aux émotions, car elle est mesurée, cadrée et logique. Et du coup on cherche à contrôler nos émotions, à les cacher, à les gérer.
Et d’ailleurs y parvient-on ? Hé bien, oui et non.
Oui, on peut arriver dans un premier temps à refouler, cacher ce que nous ressentons. Non, car des émotions non exprimées, non dites, vont ressortir autrement. Le corps va parler d’une autre manière. Avec le grand risque de faire du mal autour de nous ou à nous-même. Ce n’est pas parce qu’on place l’émotion sous le tapis, hors de notre regard, qu’elle disparaît.
Selon Antonio Damasio, professeur en neurosciences, il semblerait que : « Les émotions sont indispensables pour prendre des décisions raisonnables ou rationnelles ».
D’après ses études, raison et émotions ne sont pas séparées mais fonctionnent de pair notamment dans nos prises de décisions. Nous avons besoin de nos émotions.
Les émotions servent en fait à préserver notre bien-être et notre santé.
Elles nous aident à préparer, adapter ou réparer notre organisme. Elles ont une intention positive, même si elles peuvent être agréables ou désagréables à vivre.
Par exemple,
la tristesse nous permet de lâcher, d’accepter ce que nous ne pouvons pas changer
la peur nous signale un danger, nous permet de reculer et de nous protéger
la joie nous donne envie de partager, c’est un moteur pour avancer
la colère nous donne l’énergie de repousser, de faire valoir nos limites.
Les émotions apportent de la coloration à notre existence. Et bien qu’elles surgissent en interaction avec notre environnement, elles nous appartiennent.
Pour mieux vivre avec nos émotions,
nous avons donc premièrement à modifier notre regard sur nos émotions, mieux comprendre à quoi elles servent.
Puis, selon Ilios Kotsou, docteur en psychologie : « Mieux vivre avec nos émotions, c’est prendre le temps de connaître et d’accueillir nos états d’âme plutôt que de chercher à les éviter ou à les contrôler. »
Pour mieux connaître nos émotions,
voici quelques questions qu’on peut se poser :
Est-ce que je suis attentif à mes sensations physiques ?
Où est-ce que cela se situe dans mon corps : vers mon ventre, ma poitrine, ma gorge… ?
A quoi est-ce que cela ressemble : est-ce chaud, froid, piquant, comprimant, glaçant ou ça chatouille ?
Prêter attention à nos sensations, va nous aider à nous familiariser avec nos émotions et mieux vivre avec elles.
Ensuite nous pouvons apprendre à mettre un nom sur l’émotion.
Pour cela, une liste des émotions que l’on trouve sur internet ou la roue des émotions de L'autrementdit peuvent nous aider à agrandir notre vocabulaire émotionnel. Et à pointer les nuances que nous pouvons ressentir.
Prêter attention à nos sensations, mettre des mots sur nos émotions c’est déjà commencer à les accueillir.
Pour accueillir complètement nos émotions,
nous aurons encore à les accepter.
Accepter de ressentir de la tristesse, de la colère, de la peur… On ne cherche pas à les résoudre, les éviter ou les contrôler. Non. On accepte simplement que l’émotion soit là puisqu’elle est là. On accepte de la ressentir, de la laisser traverser notre corps. Je vous en parle d'ailleurs aussi dans l'article : Perfectionnisme vs. Optimalisme #2 : Accepter les émotions douloureuses.
Je sais que cela peut paraître effrayant, car on peut avoir peur de perdre le contrôle et la maîtrise de soi. En réalité je pense que la perte de contrôle est une conséquence d’une non-acceptation de l’émotion. Quand on refuse de ressentir de l’émotion, loin de l’améliorer, on l’amplifie. Jusqu’à l’explosion. Sur quelqu’un d’autre ou sur nous-même. Avec des conséquences désastreuses.
De mon expérience, en acceptant de ressentir l’émotion, je la sens, je remarque les sensations qu’elle me procure. Puis elle passe. Et voilà.
Prêter attention, nommer, accepter, tout ceci apporte un premier apaisement à notre émotion. Au lieu d’une gestion des émotions, je préfère parler ainsi d’une régulation de l’émotion.
Cependant tout ceci ne serait pas complet si nous n’en faisons pas quelque chose.
En effet, nous avons à écouter le message de notre émotion :
Que vient-elle nous dire ?
De quoi avons-nous besoin ?
Nous pouvons ensuite décider ce que nous allons faire.
Si nous ne faisons rien, l’émotion va sans doute se manifester à nouveau, peut-être plus fort ou alors de manière détournée. C’est un peu comme si on l’avait regardée : "Ok je t’ai bien vue", et puis on la met quand même sous le tapis : « Merci mais non, pas intéressé. »
Rappelons-nous que l’émotion est une indication,
une messagère de quelque chose. Au-delà de l’émotion, c’est ce message que nous avons à saisir et à partir duquel nous avons à agir.
J’ai personnellement mis du temps à le comprendre. J’ai exploré ce domaine des émotions en particulier avec mes enfants et je voyais qu’écouter, accueillir et nommer leurs émotions les aidaient mais cela ne suffisait pas.
Jusqu’à ce que je comprenne que les émotions ne sont que des signaux sur le tableau de bord.
Les signaux ne sont pas intéressants pour eux-mêmes. Ils sont intéressants car ils nous indiquent quel est le problème et donc nous orientent quant à la solution à apporter.
Si sur mon tableau de bord c’est le signal « défaut moteur » qui s’allume, je sais que cela n’a rien à voir avec le liquide lave-glace et donc que cela ne servirait rien de remplir ce réservoir. Et le signal « défaut moteur » n’est pas intéressant pour lui-même, même si le graphique utilisé pour accompagner les mots peut être joli ;) En revanche, il est hyper important car il m’indique un souci avec le moteur de ma voiture et j’ai donc à contacter mon garagiste de toute urgence pour voir ce qu’il en est.
Pour saisir le message de nos émotions,
nous pouvons partir en exploration de nos besoins. Pour ceci une liste des besoins que l’on trouve sur internet ou alors les besoins listés sur la roue des émotions de L'autrementdit peuvent nous être d’une grande aide. On peut les parcourir et on sentira lorsque nous aurons mis le doigt sur le besoin ou les besoins qui crient en nous à ce moment.
Ce qui peut aussi être aidant dans cette exploration, c’est de bénéficier d’une écoute empathique de la part de quelqu’un.
Comme le disent J.-P. Faure et C. Girardet : « L’écoute empathique c’est offrir les deux choses les plus précieuses que peuvent échanger deux êtres humains : du temps et de l’attention. »
Dans cette écoute empathique ce qui nous aide c’est d’être entendu, que l’autre puisse nous donner un reflet de ce que nous avons dit et ce que cela lui fait. Il ne s’agit pas d’être conseillé, diagnostiqué, interrogé, jugé ou nié. Non. Dans cette écoute, on peut simplement être soi. Et on est accueilli ainsi. Sans condition.
Quand je suis écoutée ainsi, je sens une chaleur vers ma poitrine. Je me sens acceptée, validée, aimée. Sans besoin de me justifier, de me défendre ou de me cacher. Et ainsi je peux partir à la recherche des besoins insatisfaits qui crient en moi.
Cette écoute empathique peut se trouver dans l’oreille d’une personne de confiance de notre entourage ou d’un professionnel de l’accompagnement.
Nous avons besoin de cette connexion et de ce besoin d’être connu, rejoint, compris par quelqu’un d’autre.
Voilà, bonne route pour mieux vivre avec vos émotions et sachez que je me tiens également à votre disposition, si vous ressentez le besoin de vous confier et d’avancer avec votre régulation émotionnelle, je serai heureuse de cheminer un bout avec vous.
A bientôt !
Si vous avez besoin d’un coup de pouce de plus
pour passer de la théorie à la pratique, je suis disponible en tant que coach pour vous accompagner ! Contactez-moi pour que nous puissions en discuter ensemble.
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