Si vous me suivez depuis quelques temps, vous aurez remarqué que certains thèmes reviennent de manière régulière. Si c’est le cas c’est bien à cause de leur utilité et efficacité dans nos vies.
Parmi eux, celui de l’écriture revient régulièrement.
Très souvent je mentionne l’écriture en même temps que je vous propose un exercice. Et comme l’écriture mérite bien plus que d’être mentionnée juste comme ça en passant, j’avais envie de prendre le temps d’un article pour en parler un peu plus en profondeur. Car c’est bien dommage, j’ai l’impression que l’écriture est peu utilisée. Alors aujourd’hui, nous allons voir ensemble que le choix de l’écriture dans les exercices n’est pas anodin du tout.
Pourquoi passer par l’écrit ? Qu’est-ce que cela nous apporte ?
Et bien, nous allons explorer 5 super-pouvoirs de l’écriture et ce n’est pas une liste exhaustive ;)
1er super-pouvoir : Écrire nous permet de clarifier nos pensées
Flannery O'Connor, une romancière américaine, nous dit : "J'écris parce que je ne sais pas ce que je pense tant que je n'ai pas lu ce que je raconte."
Plusieurs auteurs s’accordent à le dire : le processus même d’écrire clarifie nos pensées.
Nos pensées fusent à toute vitesse dans notre tête. Écrire nous demande de ralentir pour les traduire en mots. Nous donnons alors vie à nos pensées, nous les rendons visibles.
Nos pensées ont tendance à ne pas être totalement finies. Elles sont des ébauches et ne vont rarement jusqu’au bout dans notre tête. Quand on prend le temps de les écrire, nous pouvons pousser le raisonnement jusqu’au bout. Comme le dit Jennifer B. Kahnweiler, auteure et conférencière : « Le processus d'écriture développe une profondeur de pensée. »
Ainsi, écrire peut nous permettre de résoudre un problème complexe plus facilement.
L’écriture encourage notre cerveau à intégrer les informations qu’il reçoit et demande un effort de concentration plus important que la simple pensée. Comme nous ralentissons, nous examinons nos pensées plus en détail. Et nous sommes poussés à organiser nos pensées, à les mettre en ordre et à les transcrire dans leur entier.
En écrivant mes pensées, j’ai constaté plusieurs fois combien cela m’aidait à remettre dans l’ordre dans ma tête. A trier parmi mes pensées : celles qui ne tiennent pas la route, celles qui sont des mensonges, celles qui sont des histoires que je me raconte et celles qui sont intéressantes à garder et à approfondir.
Voir les pensées écrites noir sur blanc permet de les rendre visibles et donne la distance nécessaire au tri.
Isaac Asimov, auteur, nous dit : « Pour moi, écrire, c'est simplement penser avec mes doigts. »
Et je pense vraiment que le processus d'écriture peut transformer une rumination stérile en une réflexion productive. Écrire peut nous donner des idées de solutions ou un regard nouveau sur la situation, nous permettant de quitter nos boucles de pensées parfois déprimantes ou angoissantes.
2e super-pouvoir : Écrire permet de traverser nos émotions pénibles et nous donne une nouvelle perspective
Le fait d’écrire peut servir d’exutoire à nos émotions. C’est un canal d’expression à nos émotions.
Et en plus quand ce qui est invisible devient visible, nous serons moins collés à nos émotions. Nous arrivons prendre distance, pouvoir les observer, les comprendre, les intégrer et permettre de nouvelles prises de conscience.
Je l’ai dit juste avant, pour écrire nous avons besoin de ralentir. Par ce fait même, l’écriture nous donne le temps de traiter les informations et de réfléchir. Au lieu de réagir avec impulsivité à ce qui se présente à nous, nous pouvons digérer l’événement, y réfléchir et en tirer ce que nous souhaitons.
Nous gagnons une nouvelle perspective, un nouveau regard sur ce que nous vivons. Anne-Marie Jobin* nous dit :
« Vous prenez davantage une position de témoin. Cela vous permettra de voir plus clair, d’être moins étourdi par la charge émotionnelle ou mentale du contenu exprimé et ainsi d’avoir un meilleur éclairage sur votre vie. »
Les émotions nous brouillent parfois la vue, nous voyons la situation teintée par nos ressentis. En écrivant nous diminuons la charge émotionnelle que nous vivons et nous pouvons aussi gagner une autre vision de la situation. Une vision plus équilibrée et plus claire que celle que nous avions auparavant. Cela a une influence sur notre bien-être émotionnel et psychique ainsi que sur nos relations avec les autres.
Si je suis aveuglée par la jalousie ou la frustration envers une collègue, je vais avoir des difficultés à travailler avec cette personne. Par l’écriture, je peux comprendre que ce que je vis c’est de la jalousie ou de la frustration, je peux mettre des mots dessus. Je peux ensuite enquêter ce qui la déclenche en moi, c’est-à-dire quels besoins cela vient révéler chez moi. Certainement que la jalousie et la frustration auront alors baissé en intensité à l’intérieur de moi. Et si nécessaire, je pourrais élaborer des pistes d’action en accord avec mes valeurs pour y remédier.
James Pennebaker, professeur de psychologie et Joshua Smyth, professeur de médecine, nous racontent que dans une étude menée auprès d’étudiants souffrant de stress, il a été mis en avant que les exercices d’écriture expressive avaient permis une plus grande aptitude à résoudre leurs problèmes, que les étudiants avaient moins souffert de dépression et avaient moins consulté leur médecin par la suite.
L’écriture où nous parlons et explorons nos pensées et nos émotions nous aide dans notre santé de manière globale.
Robert Emmons, psychologue et expert dans le domaine de la gratitude, nous dit : « Il a été démontré que l’écriture présente des avantages par rapport à la simple pensée. L’écriture aide à organiser les pensées, facilite l’intégration et vous aide à accepter vos propres expériences et à les mettre en perspective. »
3e super-pouvoir : Écrire développe notre créativité
Marc Levy, auteur, nous dit : « L'écriture libre (...) pousse le cerveau à penser plus longtemps, plus fort, plus profondément et de manière moins conventionnelle qu'il ne le ferait normalement. »
Il existe tout un tas d’exercices que nous pouvons essayer pour nourrir notre pratique de l’écriture. Lui permettant ainsi de s’enrichir et de garder un vent frais et spontané.
L’auteure Lucia Capacchione préconise par exemple d’utiliser sa main non-dominante pour réveiller des trésors de créativité. Donc si vous êtes droitier, d’utiliser votre main gauche. Et si vous êtes gaucher, d’utiliser votre main droite.
Anne-Marie Jobin nous propose elle d’allier à l’écriture, le dessin, le collage, le gribouillage. Ces pratiques plus artistiques étant complémentaires à celle des mots.
Par exemple au lieu d’écrire comment nous nous sentons en ce moment, nous pouvons le représenter sous forme de dessin, de forme, de couleur voire de gribouillage. Puis nous pouvons regarder ce qui est sur la page et poser des mots dessus.
Dernièrement je me suis prêtée à un exercice d’écriture. Une partie de cet exercice concernait le futur et en particulier les objectifs qui me tenaient à cœur d’atteindre. L’exercice amenait à déterminer dans quel domaine nous souhaitions une amélioration, puis à la détailler, à dire pourquoi nous la souhaitions, à imaginer les conséquences pour nous et notre entourage, à nommer les obstacles pouvant se mettre en travers du chemin ainsi que les solutions que nous adopterions dans ce cas, puis à déterminer les étapes concrètes pour y arriver, avec des échéances et des moyens de contrôle de notre progression.
Il semble que le fait de passer du temps à écrire ses objectifs, de les rendre visible, cela augmente drastiquement les chances de les atteindre. Tant que cela reste dans notre tête, c’est un souhait. Quand nous les posons par écrit, cela devient un objectif.
Bien sûr que cela ne suffit pas ;) C’est une condition préalable mais pas suffisante :)
Écrire développe notre créativité au sens large.
On peut l’entendre au sens artistique du terme mais aussi notre créativité de tous les jours. Celle que nous utilisons pour relever les défis qui se présente à nous que ce soit un problème au travail, d’élever des petits êtres humains ou d’élaborer des objectifs.
4e super-pouvoir : Écrire permet de mieux apprendre
Kitty Klein et Adriel Boals, deux psychologues, ont mené plusieurs études utilisant l’écriture pour observer l’évolution de la mémoire de travail des étudiants. La mémoire de travail c’est elle qui nous aide à traiter des informations nouvelles, à les relier à des connaissances que nous avons déjà et à les stocker dans notre mémoire à long terme.
Klein et Boals ont vu que les étudiants ayant fait des exercices d’écriture expressive, c’est-à-dire où ils racontaient un événement tout en exprimant leurs pensées et leurs émotions à ce sujet, avaient vu une amélioration de leur mémoire de travail.
En particulier pour ceux qui avaient écrit sur un événement difficile. Écrire leur ayant permis de comprendre l’épreuve qu’ils avaient traversée, ils avaient moins besoin d’y penser ou de la ruminer. Des ressources mentales ayant ainsi été libérées, ces étudiants pouvaient mieux se concentrer sur leurs études.
James Pennebaker, professeur de psychologue et Joshua Smyth, professeur de santé nous disent : « Écrire quelques lignes sur ce qu’on ressent au sujet d’un traumatisme permet au cerveau d’intégrer cette expérience et de se concentrer sur ce qu’on a à faire. »
Écrire permet à notre cerveau d’enregistrer et de retenir de nouvelles informations.
C’est pour cela que la prise de notes lors de cours, ou même de lecture d’un livre, sont utiles pour nous aider à assimiler et retenir de nouvelles données.
Et l’écriture libre aide à ensuite écrire d'autres formes d’écriture, comme des rapports, des dissertations, des lettres, des emails, un discours, etc.
Pennebaker et Smyth nous disent : « Noter librement ce qu’on pense et ce qu’on ressent peut permettre de se dérouiller la main avant de commencer à écrire un document de ce genre. »
5e super-pouvoir : Écrire a un effet sur le monde extérieur
L’autrice Anne-Marie Jobin relève que sa pratique du journal la recentre et que du coup ses décisions sont moins impulsives, qu’elle a moins besoin de s’éparpiller dans des activités sans intérêt ou de consommation, que cela l’a aidée à découvrir ce qui la passionne et à le traduire en activité concrète.
Que dans le cas de souci interpersonnel, son journal a permis d’éviter des petites guerres inutiles en lui permettant de déposer ses ressentis, d’exprimer ses frustrations, de se réapproprier ses projections et de tirer des apprentissages de ces situations.
Ainsi, non seulement le fait d’écrire a un avantage pour nous-même mais il s’en dégage aussi un effet sur notre entourage.
Je peux aussi témoigner que ma pratique de l’écriture m’a aidée, et m’aide toujours, dans ma vie personnelle et ainsi a un impact sur comment je me comporte avec les autres. Ce n’est pas la seule ressource à ma disposition, je ne saurai dire exactement ce qui relève de l’écriture pure, cependant je suis bien consciente du soulagement ressenti après avoir passé du temps à écrire ce que je pense et ressens. Consciente aussi de l’utilité de mes notes dans les livres que je parcoure, lors de séances de coaching, pour préparer une conférence ou lorsqu’une idée me traverse l’esprit. Tout ceci nourrissant ensuite les échanges que j’ai autour de moi.
En résumé, l’écriture est un procédé bien plus important
en lui-même que nous pourrions le penser de prime abord.
Nous avons exploré 5 super-pouvoirs de l’écriture :
Écrire nous permet de clarifier nos pensées
Écrire permet de traverser nos émotions pénibles et nous donne une nouvelle perspective
Écrire développe notre créativité
Écrire permet de mieux apprendre
Écrire a un effet sur le monde extérieur
Suite à tout ça je ne peux que vous encourager à attraper une feuille ou un carnet, un stylo, et à écrire ce qui vous préoccupe, ce qui prend toute vos pensées, ce que vous ressentez en ce moment.
Bonne écriture ! :)
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*Ressources
- Écrire pour se soigner: La science et la pratique de l'écriture expressive, de James Pennebaker et Joshua Smyth
- Le nouveau journal créatif, d'Anne-Marie Jobin
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