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Photo du rédacteurRachel Hemes

Désamorcer le juge interne (1/2)

Dernière mise à jour : 16 avr.




Le juge interne, c'est cette voix critique

et sévère qui nous censure et nous empêche. Dans cet article nous verrons la première étape pour le désamorcer dans nos vies : apprendre à le connaître.


Nous avons la capacité de nous observer,

d’avoir des pensées et du jugement sur nous. Et c’est aussi pour ça qu’on a tous une estime de soi, comme nous en avons parlé dans l'article « Développer une bonne estime de soi ».

 

Ce regard sur nous est bon et sain, lorsque nos pensées à notre propos sont lucides et proportionnées. Lorsque nous parvenons à voir autant nos faiblesses que nos forces, autant nos erreurs que nos réussites.

 

Cependant pour la plupart d’entre nous, cette observation est loin d’être aisée et parfois difficilement objective et bienveillante. A la place, nous entendons une voix interne très critique et sévère.

 

Christophe André *, psychiatre et auteur, en donne l’image d’un critique intérieur. On peut aussi le voir comme un juge interne à la voix qui juge, commente, censure et critique tout ce que nous faisons.

 

Notre juge interne est personnel en fonction de notre histoire

Peut-être qu’il a une tendance perfectionniste et qu’il nous rabâche que nous ne sommes pas assez et que ça ne vaut rien si ce n’est pas parfait.

Ou alors il est le roi de la comparaison et va sans cesse nous comparer défavorablement aux autres.

Ou encore il se prend pour Superman et nous dit que montrer nos sentiments est un signe de faiblesse et que nous ne pouvons pas nous montrer faible.

 

Peut-être que votre juge interne ressemble à cela, ou peut-être qu’il a une autre coloration. Il peut prendre toutes sortes de rôles et de déguisements.

 

Nous pensons que cette voix jugeante interne est une forme de lucidité et d’exigence.

Ou même qu’une sévérité envers soi nous sera bénéfique. Sauf qu’à la longue, nous finissons par n’avoir plus aucun recul et nous croyons d’office tout ce que le juge interne nous dit.

 

Le problème ce ne sont pas les critiques ou les remises en question, elles sont normales et utiles, et nous avons à les écouter et les accepter. Le problème c’est de ne recevoir que ce genre de messages.

 

Ce juge interne nous rabâche un discours normatif et négatif

qui s’est créé au fil de nos relations et de nos expériences douloureuses et ceci dans le but de nous en protéger ! Oui c’était sans doute sa mission première : nous protéger d'émotions et d’expériences que nous ne voulions pas ou ne voulions plus ressentir. Et pour cela, il utilise fréquemment la peur pour nous dissuader, ce qui a sans doute fonctionné et fonctionne encore.

 

Cette voix du juge interne ne dit pas tout, c’est seulement un point de vue.

Et pour pouvoir développer un autre discours intérieur, je pense que premièrement nous avons à mieux connaître notre juge interne personnel.

 

Nous pouvons changer ce que nous voyons

En apprenant à mieux connaître notre juge interne, en l’observant, nous allons voir, constater, réaliser. Et ce sont les préalables avant de pouvoir changer. Si je ne vois pas que mes ongles sont trop longs, je ne peux pas les couper. C'est pareil avec notre juge interne.

 

Nous pouvons changer quand on se sent acteur et responsable

Dans la méconnaissance de notre juge interne, nous en restons une victime. Nous vivons de l’agression et nous ressentons de l’impuissance face à lui. Nous ne sommes pas dans une posture qui nous permet de changer quelque chose. Nous subissons. Et cela peut durer des années, voire toute une vie.


Quand on commence à développer la position de l’observateur, on va remarquer des fonctionnements, réaliser les boucles et les enchaînements, on commence à comprendre des bouts de ce qu’il se passe. Tout ceci nous prépare à l’action, à pouvoir initier autre chose la prochaine fois. En observant, nous sommes passés à la position d’être acteur et responsable de changements à notre portée.

 

Pour introduire un peu de distance avec ce mécanisme,

nous pouvons lui donner une image. C’est déjà ce que j’ai fait au début de cet article en en parlant sous forme de critique intérieur ou de juge interne. Ce procédé nous aidera à réaliser que nous ne sommes pas notre juge interne, que c’est seulement une voix, et qu’elle n’est pas unique.


  • Alors, à quoi ressemble votre voix interne ?

  • Quelle est sa posture, son expression faciale, son apparence ?

On peut prendre le temps de mettre une image sur ce personnage, l’imaginer dans notre tête ou alors le dessiner.


Nous pouvons aussi lui donner un nom qui le capture dans son essence. En introduisant de l’humour, nous pouvons aussi désamorcer le sérieux avec lequel il se prend.


Tout ceci nous aide à mettre de la distance entre cette voix et nous-même.


Amy Ahlers et Christine Arylo* qui ont écrit un livre sur ce sujet, en ont par exemple fait des véritables cartes d’identité avec un dessin caricatural de leur juge interne ainsi que d’un nom comique par exemple : la reine de la comparaison ou l’accroc à la réussite.

 

Ensuite, remarquons ce qui déclenche notre juge interne

  • Est-ce lorsqu’on sort de notre zone de confort et qu’on fait quelque chose de nouveau ?

  • Lorsqu’on vit une déception ou un échec ?

  • Ou lorsqu’on se sent exposé, vulnérable que ce soit volontairement ou non ?

 

Cela peut être évidemment encore bien d’autres situations qui déclenchent l’arrivée de notre juge intérieur sur notre scène mentale.


En prenant l’habitude de repérer ces moments, nous pourrons ensuite anticiper son arrivée sans être pris au dépourvu.

 

Puis nous pouvons prendre note de ce que le critique intérieur nous dit

le plus souvent et le réfuter. Cela va ressembler à des phrases qui semblent affirmer des vérités. Comme par exemple : « Tu devrais être capable d'en faire plus », « Ne sois pas faible, sois forte », « Ça ne vaut rien si ce n'est pas parfait », « Les autres ne t’aimeront jamais comme tu es ».

 

Repérer les phrases assassines que nous rabâche notre juge interne est hyper important. Rappelons-nous : on peut changer ce qu’on voit. Si je n’ai pas conscience de ce que mon juge interne me dit, je ne peux pas le contrer, je ne peux pas rectifier, je vais simplement le croire.

 

Ce qu’il nous dit ressemble à des vérités alors que ce sont en réalité des mensonges.

 

Pour pouvoir prendre de la distance avec ces phrases, nous pouvons les écrire. Cela nous aidera énormément car les écrire nous permettra de les voir noir sur blanc à l’extérieur de nous. Nous pourrons ensuite réfuter ces mensonges avec une vraie ;) vérité, que nous pouvons écrire en face. Ainsi pour chaque mensonge proféré par notre juge interne, nous pouvons trouver une vérité à lui rétorquer.

 

En les écrivant nous serons plus aptes à les repérer la prochaine fois. Et nous saurons quoi lui répondre.

 

Ensuite, nous pouvons réaliser ce que le critique intérieur nous manipule

ou nous pousse à faire à la suite de son discours. Car c’est bien le souci : nos pensées ont un impact sur nos émotions et ces dernières nous poussent à agir de telle ou telle façon. Évidemment tout se passe très vite et il est difficile de décortiquer ses éléments tant ils paraissent arriver simultanément en nous. Nous aurions même tendance à croire qu’il n’y avait pas de pensées à l’origine, que c’est un événement qui a déclenché une émotion puis une réaction. Mais nos filtres de pensées sont bien à l’œuvre eux aussi même lorsque nous n’en avons pas conscience.

 

Pour preuve on voit bien comme un même stimulus peut provoquer des réponses émotionnelles et comportementales différentes. En entendant ma fille jouer de la flûte, je peux ressentir de la joie et l’encourager à continuer, là où quelqu’un d’autre pourrait ressentir de l’agacement face aux fausses notes et lui ordonner d’arrêter. Si ce n’est pas le stimulus la différence, c’est bien qu’il se passe quelque chose au niveau de nos pensées, et même au niveau de nos besoins qui peuvent différer pour chacun.

 

Notre juge interne en nous faisant croire des mensonges nous pousse à agir de certaines façons.

Cela peut être : blâmer les autres et se plaindre, devenir un caméléon pour se faire accepter, sur-analyser, procrastiner et ne jamais essayer, …

 

  • Et vous ? Que vous pousse à faire votre juge interne ?

 

Nous pouvons ensuite évaluer si cette réaction nous plaît, nous convient. Si elle correspond à comment nous aimerions agir.

 

Nous pouvons évaluer également le prix que cette réaction nous coûte, à nous-même et aux autres autour de nous.


  • Quelles sont les conséquences de cette réaction ?

  • Est-ce à dominante positive ou négative ?

 

En ayant conscience de cela, et dans le cas où la réaction ne nous convient pas, la prochaine fois que nous nous surprendrons à agir ainsi, nous pourrons nous arrêter. Nous mettre sur pause et nous rappeler que nous ne voulons pas agir ainsi.

 

Prendre conscience du prix qu’il nous en coûte de croire les mensonges de notre critique intérieur et de le laisser manipuler nos actions, nous aidera à renforcer la décision de ne plus être une victime de ce qu’il nous dit.

 

Apprendre à connaître notre juge interne est la première étape pour le désamorcer et cela pose les bases pour la seconde : pouvoir le désactiver et laisser de la place à une autre voix dans nos vies.


Si vous vous retrouvez coincé ou démuni face aux critiques et aux discours négatifs de votre juge interne, n’hésitez pas à me contacter, nous pouvons travailler cela en coaching. Un coup de pouce extérieur peut aider à débloquer les mécanismes qui nous enferment.

 

Je me réjouis de vous retrouver tout bientôt et si ce contenu vous a plu, partagez-le à une personne de votre entourage. Merci mille fois.



 

*Pour aller plus loin

-Imparfaits, libres et heureux, de Christophe André

-Reform your inner mean girl (en anglais uniquement à ce jour), de Amy Ahlers et Christine Arylo


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